Chaque pore de la peau est un orifice auriculaire pour qui est sensible aux milieux vibratoires. Univers pré-formel, écoute étendue mobilisant le corps par endroits, de manière locale, parfois chirurgicale. Dans l'immersion, cela fait musique. Dans le flot des sensations, rien ne parvient ou ne décide à s'affirmer, s'exposer, s'ériger : matière sonore. Abolition de la forme, dilution du sens, destruction du discours.
Se laisser envahir par la magie des flux vibratoires et la possibilité de percevoir plusieurs musiques à la fois, superposées, entrelacées, amoureuses dans le même temps sonore. Une profonde sensation de présence, sans artifices, entière. Et plus parfois, une troublante et surtout submergeante sensation d'être dans la musique, d'être si l'on veut, en perspective avec la musique, et ceci depuis "la nuit des temps" musicaux. Bien entendu, ce "mélange premier", cette potentialité musicale ne peut exister sans une prédisposition à l'instant utopique (chamanique diront certain.e.s).
Lorsque cela fonctionne, seules les sensations vibratoires nous guident. Aucune forme (autoritaire) ou pré-conçue, aucun discours (triomphant), aucun sentiment (supérieur), aucune inspiration, aucun ordre (extérieur à l'instant), aucune nécessité esthétique. Juste de la présence, être par et dans la musique. Deuil joyeux et en fanfare de la forme sonore qui subsiste essentiellement à l'état d'enfance, latente, souple, plastique, sans idée préconçue sur elle-même. Et c'est le sonore qui se met à danser, ivre de simplement exister, au gré de l'énergie en vibration.
- Luc Larmor

Each pore of the skin is an auricular orifice for those who are sensitive to vibratory environments. Pre-formal universe, extended listening mobilizing the body in places, in a local, sometimes surgical way. In the immersion, it makes music. In the flow of sensations, nothing manages or decides to assert itself, to expose itself, to erect itself: sound matter. Abolition of the form, dilution of the sense, destruction of the speech.
To let oneself be invaded by the magic of the vibratory flows and the possibility of perceiving several musics at the same time, superimposed, intertwined, loving in the same sound time. A deep sensation of presence, without artifice, whole. And more sometimes, a disturbing and especially submerging sensation to be in the music, to be if one wants, in perspective with the music, and this since "the night of the musical times". Of course, this "first mixture", this musical potentiality cannot exist without a predisposition to the utopian moment (some would say shamanic).
When it works, only the vibratory sensations guide us. No form (authoritarian) or pre-conceived, no speech (triumphant), no feeling (superior), no inspiration, no order (external to the moment), no aesthetic necessity. Just presence, being by and in the music. Joyful and fanfare mourning of the sound form which remains essentially in the state of childhood, latent, flexible, plastic, without preconceived idea on itself. And it is the sound which starts to dance, drunk of simply existing, according to the energy in vibration.
- Luc Larmor



Luc Larmor est musicien, enseignant, chercheur. Il a développé des sons continus dans des environnements semi-récursifs (Max/msp jitter). Il pratique également l'improvisation libre (micros de guitare préparés), et il conçoit des dispositifs sonores analogiques. Il vit et travaille à Rennes.

Luc Larmor is a musician, teacher and researcher. He has developed continuous sounds in semi-recursive environments (Max/msp jitter). He also practices free improvisation (prepared guitar pickups), and designs analog sound devices. He lives and works in Rennes (France).